Qui finance les manifestations anti-Trump ? Une enquête sur l’organisation d’un mouvement contestataire

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Antoine Bachelin Sena, France-Soir
Publié le 13 juin 2025 - 20:04
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Al Sharpton
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DR : REUTERS/Eduardo Munoz
Le révérend Al Sharpton, qui dirige le National Action Network et est une personnalité de MSNBC, est impliqué dans la planification des protestations de samedi. (REUTERS/Eduardo Munoz).
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Dans un contexte de tensions politiques accrues aux États-Unis, les manifestations anti-Trump, parfois qualifiées d’« émeutes » par leurs détracteurs, suscitent des débats sur leurs sources de financement et leur organisation. Une enquête menée par Asra Q. Nomani, éditrice en chef du Pearl Project, un média à but non lucratif, suggère que ces protestations sont soutenues par un réseau structuré de 198 organisations, remettant en question leur caractère spontané. Cet article analyse ces allégations en s’appuyant sur des données financières, des documents exclusifs, et des perspectives variées, tout en examinant leur impact sur le paysage politique américain.

Un réseau de 198 organisations : une vue d’ensemble

Selon l’enquête de Nomani, publiée sur Fox News le 10 juin 2025, 198 organisations, représentant un revenu annuel combiné de plus de 2,1 milliards de dollars, coordonnent les protestations #NoKings prévues pour le 14 juin 2025. Ces groupes incluent :

  • Entités démocrates officielles : trois organisations affiliées au Comité National Démocrate (DNC), comme les College Democrats of America et les Manhattan Young Democrats.
  • Comités d’action politique (PACs) : 16 PACs, dont Friends of Bernie Sanders et Vote Blue, avec une capacité de dépenses estimée à 19,4 millions de dollars pour des campagnes démocrates.
  • Syndicats : 18 syndicats, comme l’American Federation of Teachers (AFT) et United Auto Workers, cumulant 1,1 milliard de dollars de revenus annuels, majoritairement orientés vers des contributions politiques.
  • ONG politiques (501(c)(4)) : 76 organisations, telles que l’American Civil Liberties Union (ACLU), le Sierra Club, et Planned Parenthood Action Fund, avec 734,3 millions de dollars de revenus.
  • ONG non partisanes (501(c)(3)) : 47 groupes, comme l’Unitarian Universalist Association et Accountable US, avec 286,7 millions de dollars alloués.
  • Collectifs militants : 38 groupes, comme Michigan Resistance Coalition et Tax the Greedy Billionaire, dont les finances ne sont pas publiques.

Ces chiffres, tirés d’un document interne obtenu par Nomani, illustrent l’ampleur des ressources mobilisées.

Une organisation coordonnée

L’enquête de Nomani révèle une planification méticuleuse des manifestations. Un « toolkit » de 12 pages, produit par Indivisible Digital Asset Management, fournit des modèles de flyers, des slogans comme « NO KINGS IN AMERICA ! », et des conseils pour maximiser la couverture médiatique. Par exemple, le document recommande d’organiser des marches dans des lieux symboliques comme les capitales d’État.

Des ressources similaires ont été observées dans d’autres mouvements, selon un rapport du Center for Strategic and International Studies (CSIS) de 2023 sur le financement des protestations aux États-Unis. Le CSIS note que les outils numériques sont courants dans les mouvements sociaux, mais ne prouvent pas nécessairement une intention violente.

Contexte politique

Ces protestations s’inscrivent dans un climat polarisé, marqué par les politiques migratoires de l’administration Trump, comme les déportations massives annoncées par Tom Homan, « czar des frontières ». La nomination de Pam Bondi comme procureure générale a également attisé les tensions.

Sur X, des commentateurs comme Michael Shellenberger critiquent les Démocrates pour leur « opposition systématique » à Trump, tandis que des figures républicaines, comme Dana Loesch, saluent une « coalition conservatrice en formation ». En revanche, des activistes démocrates, comme Alexandria Ocasio-Cortez, défendent les manifestations comme une « réponse légitime à des politiques autoritaires ».

Questions éthiques et transparence

Lissa Kenkel, collaboratrice de Nomani, critique les organisations impliquées : « Les dirigeants de ces groupes, avec des salaires à six chiffres, mobilisent des citoyens tout en restant à l’écart des conséquences. » Par exemple, Anthony Romero (ACLU) perçoit 1,3 million de dollars annuellement, selon les déclarations fiscales de l’organisation.

Cependant, organiser des manifestations est une pratique courante dans une démocratie. Un article de The Atlantic (mai 2025) souligne que le financement de mouvements sociaux, qu’ils soient de gauche ou de droite, est souvent opaque, mais pas nécessairement illégal. La transparence reste un défi, car de nombreuses organisations ne divulguent pas l’utilisation précise de leurs fonds.

Ces organisations ne devraient-elles pas publier des rapports détaillés sur l’allocation de leurs budgets pour dissiper les soupçons d’abus ?

Conclusion

L’enquête de Nomani met en lumière un réseau structuré soutenant les manifestations anti-Trump que l’on tente de présenter comme des expressions de colère citoyenne. Inscrites dans une tradition de contestation démocratique, la mobilisation professionnelle de ces protestations interpelle par leur caractère de « performances orchestrés » que la puissance des réseaux qui les financent. Cela soulève donc des questions sur la transparence et l’éthique de ces mouvements, ainsi que sur leur impact réel sur la démocratie américaine. Dans un contexte où la vérité est souvent noyée sous les idéologies, il est crucial de scruter ces dynamiques pour comprendre qui, réellement, tire les ficelles du chaos.

Pour approfondir, consultez l’article de Nomani sur Fox News (https://www.foxnews.com/opinion/asra-nomani-2-1-billion-machine-behind-spontaneous-anti-trump-protests).

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