Pavel Durov avec Tucker Carlson : révélation sur la vie privée et le contrôle gouvernemental. Lutte pour la liberté d’expression.

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France-Soir
Publié le 10 juin 2025 - 08:45
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Pavel Durov
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Tucker Carlson Network
Pavel Durov avec Tucker Carlson : révélation sur la vie privée et le contrôle gouvernemental. Lutte pour la liberté d’expression.
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Le 9 juin 2025, Pavel Durov, le fondateur de Telegram, a brisé le silence lors d’une interview percutante avec Tucker Carlson, sa première prise de parole publique depuis son arrestation choc en France en août 2024. Diffusée dans un cadre élégant cette conversation a révélé des détails saisissants sur son expérience personnelle, les pressions subies par sa plateforme pro-vie privée et pro-liberté d’expression, et les menaces globales pesant sur la confidentialité. Quid de l’usage de Telegram par Emmanuel Macron durant sa campagne de 2016-2017 ?

 

Une arrestation inattendue et des conditions inhumaines ?

Pavel Durov est arrivé à l’aéroport du Bourget près de Paris en août 2024, sans se douter qu’il serait immédiatement appréhendé par la police des douanes françaises. 

Placé en garde à vue, il a décrit des conditions de détention éprouvantes : « C’était une cellule solitaire, pour ainsi dire. Il n’y avait personne d’autre là-dedans », a-t-il confié à Carlson. Il a dépeint une cellule de 7 mètres carrés (environ 70 pieds carrés), sans fenêtre, avec un équipement minimaliste : « Un lit aussi étroit, pas de linge, pas d’oreiller, un matelas aussi fin, comme un tapis de yoga, peut-être un centimètre, un demi-pouce. » Une lumière clignotante constante ajoutait à l’inconfort : « Ce qui était un peu agaçant », a-t-il noté. 

À la question de Carlson, « La porte était verrouillée ? », Durov a répondu : « Oui, la porte était très solidement verrouillée, je dois dire. » Ces quatre jours en isolement ont marqué le début d’une saga judiciaire opaque.


Des accusations floues et un manque de procédure légale

Interrogé par Carlson sur les motifs de sa détention, Durov a expliqué que les autorités françaises pointaient un prétendu « manque de réponse de Telegram aux demandes judiciaires venant de France ». 

Mais il a vigoureusement contesté cette affirmation : « Ce qui s’est avéré ne pas être vrai, parce que nous n’avons jamais reçu une seule demande légale contraignante venant de France. » 

Perplexe face à ce manquement, il a confronté les policiers : « J’ai demandé au policier français, pourquoi n’avez-vous pas suivi la loi européenne et transmis vos demandes légales de la manière prescrite par cette loi ? » La réponse ? « Ils n’ont pas répondu », a-t-il révélé. Cependant, il a noté un progrès : « Dieu merci, ils ont commencé à le faire, et ensuite, ils ont commencé à recevoir des réponses qui les aidaient à identifier des suspects criminels. »

Durov a insisté sur le fait que Telegram n’a jamais résisté à une coopération légitime : « C’était quelque chose que nous avions en place depuis un an avant cela, donc ce n’est pas quelque chose que les Français nous ont forcés à faire, c’est quelque chose que nous avions déjà en place. » Pourtant, il a déploré : « D’une manière ou d’une autre, les Français l’ont complètement ignoré. » 

Cette absence de clarté et de respect des procédures légales soulève des soupçons sur les véritables intentions derrière son arrestation.

Pavel Durov


Une liberté restreinte et une enquête sans fin

Huit mois après son arrestation, Durov n’est plus en cellule, mais reste sous « contrôle judiciaire », une mesure restrictive l’empêchant de quitter la France. « Il y a cette limitation sur ma capacité à voyager, pour ainsi dire, qui s’appelle le contrôle judiciaire », a-t-il expliqué. 

Il a clarifié le concept : « Le contrôle judiciaire, c’est quand vous ne pouvez pas quitter le pays librement parce qu’il y a encore une enquête en cours et que vous êtes l’un des suspects ou le suspect. » Pourtant, l’enquête semble stagner, avec un suivi minimal : « Je suis requis pour répondre à certaines questions en lien avec Telegram tous les quatre ou cinq mois », a-t-il dit, ajoutant : « Donc, les trois ou quatre autres mois, je dois juste être ici pour des raisons qui me sont très difficiles à comprendre. » 

Cette situation prolongée, sans accusations claires ni progrès apparents, alimente l’idée d’une forme de « lawfare » ciblant Telegram.
 

Une responsabilité injuste pour les actes d’autrui

Tucker Carlson a cherché à cerner la nature exacte des accusations. Il a noté les gros titres sensationnalistes d’août 2024, suggérant une implication de Durov dans des crimes graves comme la pornographie infantile ou le trafic d’armes.

« Personne ne prétend réellement que vous étiez impliqué dans ces crimes, correct ? » a demandé Carlson. « Correct », a répondu Durov. La véritable allégation ? 

« Quelqu’un a utilisé Telegram pour une activité illégale, et vous ne l’avez pas détecté assez vite ? » a reformulé Carlson. « Correct », a confirmé Durov.  Face à cette logique, il a admis sa perplexité : « Hmm… Je suis encore en train d’essayer de comprendre, pour être honnête. Je suis encore confus. »

Il a contesté la base de l’accusation : « D’abord, ils ont dit, oh, vous n’avez pas répondu à nos demandes légales, et c’est pourquoi vous êtes complice. Premièrement, ce n’est pas vrai que nous n’ayons pas répondu aux demandes légales contraignantes. » Il a dénoncé une interprétation juridique extrême : « Deuxièmement, c’est une interprétation très extensive de la complicité. Même pour le système légal et judiciaire français. » Ses avocats, a-t-il ajouté, jugent cette affaire « assez inédite », soulignant le caractère exceptionnel de tenir le PDG d’une plateforme d’un milliard d’utilisateurs responsable des actions de tiers.

L’usage de Telegram par Macron en 2016-2017 : sécurité ou secret ?

Un aspect intrigant concerne l’utilisation de Telegram par Emmanuel Macron et son équipe lors de la campagne présidentielle de 2016-2017. À l’époque, Macron, alors candidat du mouvement En Marche !, et ses proches collaborateurs ont privilégié Telegram pour ses fonctionnalités sécurisées, notamment le chiffrement de bout en bout et les messages autodestructeurs, perçus comme un rempart contre les cyberattaques et les fuites. Cette décision faisait suite à des craintes de piratages, amplifiées par les interférences présumées dans l’élection américaine de 2016. 

Cependant, des spéculations émergent : ces échanges, protégés par le caractère sécurisé de Telegram, pourraient-ils contenir des informations compromettantes sur le financement de la campagne ? Aucune preuve concrète n’a émergé, mais la question se pose, surtout dans un contexte où Macron, aujourd’hui au pouvoir, fait face à une autorité contestée et des sondages en berne. 

L’arrestation de Durov en 2024 soulève des soupçons : s’agit-il d’une tentative totalitaire de museler une plateforme indépendante, ou d’un moyen détourné pour accéder aux données détenues par Telegram, potentiellement embarrassantes pour le pouvoir en place ? Cette hypothèse, bien que non étayée, alimente le débat sur les motivations réelles derrière la détention de Durov.

Durov et Carlson


Une menace globale : backdoors et gag orders et Ursulagates

L’interview a pris une dimension mondiale lorsque Durov a élargi le débat aux pressions gouvernementales sur la vie privée. Il a révélé une pratique alarmante aux États-Unis : « Vous savez ce qui est intéressant, aux États-Unis, vous avez un processus qui permet au gouvernement de forcer n’importe quel ingénieur dans n’importe quelle entreprise technologique à implémenter une porte dérobée et de ne le dire à personne. » Il a décrit les « gag orders », ou ordonnances de bâillonnement : « En utilisant ce processus appelé le gag order, vous savez, il y a certaines procédures légales. » Carlson, abasourdi, a réagi : « Ne pas le dire à son propre employeur ? » Durov a confirmé : « Oui, exactement. Si vous le dites à votre propre patron, vous pouvez finir en prison. Comme, gag order. »

Face à l’incrédulité de Carlson — « Vraiment ?! » —, Durov a expliqué que cela transformait les employés en agents involontaires : « C’est l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas déménagé aux États-Unis avec mon équipe. » Pour lui, cette pratique illustre une tentative mondiale de saper la confidentialité, menaçant quiconque construit des technologies résistantes au contrôle étatique. « Ce qui m’est arrivé pourrait arriver à n’importe qui », a-t-il implicitement averti, soulignant un combat global pour la vie privée et la liberté d’expression.

D’un côté des leaders comme Macron qui utilisent ces plateformes pour leur avantage et pourraient instrumentaliser les procédures pour accéder au contenu des messages tout en prônant la liberté d’expression et la transparence et de l’autre von der Leyen et Bourla qui invoquent la vie privée pour ne pas révéler le contenu de messages. Frédéric Baldan lobbyiste belge, a déposé une plainte en 2023, alléguant que les SMS échangés entre von der Leyen et Bourla, toujours non divulgués, pourraient « renfermer un pacte de corruption » expliquant les clauses avantageuses d’un contrat de 1,8 milliard de doses de vaccins COVID-19 pour 35 milliards d’euros. Baldan dénonce une possible « usurpation de fonctions », « destruction de documents » et « corruption », un scandale qui a fait l'objet d'un livre « UrsulaGates » questionne la transparence de l’UE et les contournements des règles de l’UE par sa propre présidente.

ursulaGates

Un réveil pour la société

Cette interview, relayée par des posts viraux sur X (comme ceux de @VigilantFox et @TuckerCarlson), dépasse le cas personnel de Durov. Comme il l’a sous-entendu, c’est un « réveil » sur les dangers du contrôle gouvernemental et la fragilité des protections de la vie privée. En France, l’absence de demandes légales claires et la détention prolongée de Durov semblent viser Telegram, une plateforme qui échappe aux griffes des États grâce à son engagement pour la confidentialité. Aux États-Unis, les backdoors et gag orders révèlent une surveillance insidieuse. Les mots de Durov résonnent comme un appel à la vigilance, plaçant la lutte pour la liberté numérique au cœur du débat public.

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