Hauts-de-France : capitale de la batterie ou mirage industriel européen ?

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France-Soir
Publié le 30 avril 2025 - 20:00
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Depuis 2023, quatre "gigafactories" de batteries pour véhicules électriques émergent dans les Hauts-de-France. Porté par trois milliards d’euros d’investissements publics et privés, ce pari industriel colossal vise à doter la France d’une autonomie stratégique face à l’hégémonie asiatique, mais la demande européenne ralentit et la rentabilité de ces sites s’annonce aussi incertaine que le climat industriel.

Des milliards injectés, des usines surgies des friches du Nord, un volontarisme politique assumé — et pourtant, le doute s’installe. Le ton est donné par l’usine ACC de Billy-Berclau, fleuron tricolore adoubé par Stellantis, Mercedes-Benz et Saft (TotalEnergies). Inaugurée en mai 2023, elle peine à décoller : seulement 2 000 batteries produites en 2024 sur un site conçu pour en livrer 2,5 millions par an à l’horizon 2030. Un démarrage poussif qui reflète une réalité moins glorieuse que les discours politiques. « C’est le propre de l’industrie des batteries que d’avoir des difficultés au démarrage », admet Matthieu Hubert, secrétaire général d’ACC, cité par Les Échos. Le contexte n’aide pas : baisse des aides à l’achat, surproduction mondiale, et recul des ventes de véhicules électriques depuis fin 2023. 

Autour des géants, un écosystème local prend forme : recyclage (Orano/XTC, Mecaware), matériaux actifs (Axens), prétraitement (Battri). Et pourtant, Eramet a suspendu son projet, Li-Cycle marque une pause, et ACC gèle ses usines italienne et allemande. Car produire des batteries en Europe coûte 50 % plus cher qu’en Chine, et la technologie évolue plus vite que les lignes de production, comme l'a rappelé l’Agence internationale de l’énergie.

La France veut croire à sa réindustrialisation, mais pour éviter le syndrome Britishvolt, ces "cathédrales électriques" devront se confronter à deux défis : des volumes réels et une technologie rentable. Faute de quoi, elles risquent de devenir les ruines modernes d’une ambition mal calibrée. La French Touch.

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