Le cinéma français, entre idéologie, insignifiance et vulgarité


Savez-vous combien coûte en moyenne la production d’un film en France ? 4 millions d’euros ! Si encore le spectacle était à la hauteur de l’investissement, ce chiffre serait sans doute un peu plus digeste…
Mais enfin, entre la comédie ringarde et pas drôle, l’historiette de sodomites décomplexés, le film « social » fait par des bobos cooptés, le film d’époque épouvantablement mal joué, le cinéma français n’a franchement rien de très glorieux… Disons-le : il est d’une nullité sans pareille.
Nous, spectateurs, ne demandons qu’à être (agréablement) surpris ! Oui, au-delà de l’ennui, du dégoût et du malaise suscités par le visionnage — ou plutôt par les tentatives de visionnage — de films français, nous cherchons naïvement à être émus, impressionnés, émerveillés !…
Car avec 4 millions d’euros, on finance la construction d'une centaine d'écoles en Afrique subsaharienne. Ou une campagne électorale en France, par exemple. Donc, ce n’est pas pour casser l’ambiance, mais on est quand même en droit d’attendre un peu mieux de la part de nos brillants cinéastes et comédiens… Un peu mieux que des navets insupportables de moraline, de nombrilisme et de perversion.
D’autant plus qu’on estime à près d’un milliard d’euros le montant annuel des aides publiques, provenant en grande partie du CNC, en faveur de la création cinématographique. Salles désertes, films non rentables, changement des habitudes de consommation des spectateurs avec la multiplication des plateformes de vidéo à la demande, etc., il serait temps de revoir la politique de subvention du secteur et réclamer un peu plus d’équité et de transparence !
Chaque année, la grand-messe tribale du Festival de Cannes illustre parfaitement ce qu’est devenue l’industrie du cinéma : avec son rituel grotesque de « montée des marches », où tous les arrivistes du milieu s’offrent aux téléobjectifs comme la catin au client, cette démonstration d’arrogance, de mauvais goût et d’artificialité a tout pour rebuter. Le cinéma n’a plus grand-chose d’esthétique ni de politique : il est avant tout idéologique.
Ces imitateurs d’arrière-garde, ces mondains consanguins qui se prennent pour des artistes et se croient indispensables à la vie culturelle, sont les seuls à ignorer que plus personne ne les regarde, plus personne ne les envie. Ils paradent sur le « tapis rouge » comme les reliques rafistolées d’une époque fantasmatique, minaudant et tortillant piteusement alors que le monde crève la dalle. Il y a très probablement parmi eux des professionnels de qualité, des gens doués et de bonne volonté, mais l’heure n’est pas à l’exhibition. Et de toute façon, ceux-là seraient vite écartés, écrasés sous le poids de la machine clanique.
Par souci de neutralité, et sans doute dans un fol élan d’optimisme, je me suis infligé le visionnage des bandes-annonces des films français en sélection officielle cette année au Festival de Cannes, et… comment dire ? C’est tellement mauvais, vulgaire, inconsistant, qu’on dirait là une opération de guerre psychologique en vue de provoquer des épidémies de dépression chez la population. De quoi devenir complotiste !
Comment peut-on oser présenter au monde de tels films excluants et malaisants ? Histoires de fesses, de Parigots dégénérés, de faux ploucs, de fausses victimes, laides et pas crédibles pour un sou. Même des réalisations d’étudiants en BTS Audiovisuel auraient plus d’intérêt. Encore une fois, la production artistique française fait honte. Si la fameuse « exception culturelle » a originellement du sens, elle est aujourd’hui le moyen d’alimenter un système idéologisant où le népotisme est la règle. Pas de surprise.
Équivalent gauchiste du défilé militaire, cette cérémonie rétrograde est devenue la vitrine d’un pouvoir abusif et mensonger ; et devant l’indécence de cette fête de la déresponsabilisation — tant collective qu’individuelle —, certains ont pris des initiatives… Le 24 mai dernier, jour de la remise des prix, une équipe de joyeux lurons, de Picaros déterminés se présentant comme « deux bandes d’anarchistes », s’en est prise aux installations électriques qui alimentent l’agglomération de Cannes, provoquant un black-out de plusieurs heures dans la région.
Cette action de sabotage visait « non seulement à perturber le festival, mais aussi à priver de courant les centres de recherche et les usines de Thales Alenia Space, ses dizaines de sous-traitants, les start-up de la French Tech qui s’imaginent à l’abri, l’aéroport et tous les autres établissements industriels, militaires et technologiques de la zone », d’après le message de revendication publié sur le site du média libertaire Indymedia Nantes.
Avec pour titre « Et… coupez ! », le communiqué poursuit : « Une coupure inopinée dans un mauvais film d’épouvante qui traîne en longueur. Le même scénario est joué et rejoué en boucle jusqu’à la nausée. Les scènes changent, les effets spéciaux aussi, mais la toile de fond est toujours la même : un monde qui n’arrêtera pas de bombarder, d’exploiter, d’extraire, d’accaparer, de violer, de ravager, d’affamer, de mitrailler, de polluer, et d’exterminer, tant que tout ne sera pas sous son contrôle. »
On le voit, devant l’apathie politique générale, la démission des principaux partis et la complicité des médias de masse, des groupes de citoyens en quête de justice en viennent à employer des méthodes désespérées, certes peu orthodoxes, mais symboliquement fortes, pour faire entendre la voix de la raison dans un monde devenu fou.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.