Quand la colère paysanne dérange le pouvoir, la Coordination Rurale est le syndicat qu'il faut faire taire

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G.L. avec AFP
Publié le 16 mai 2025 - 00:01
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CR 47
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Christophe ARCHAMBAULT
La CR47 sur la route, à Villeneuve-sur-Lot en janvier 2024
Christophe ARCHAMBAULT

La Coordination Rurale, c'est celle qui fait mal, celle qui met en danger la toute puissante FNSEA bien ligotée par le pouvoir en place, avec un président qui fréquente l'Élysée et les arcanes du pouvoir.

Pas étonnant donc qu'elle soit ciblée cette coordination Rurale, il faut la mater avant qu'il ne soit trop tard et que le pouvoir ne perde pied. Comme avec les gilets jaunes, tous les coups sont permis... Ce que l'on tolérait aux autres jadis est bien réprimé, avec force et violence, il faut faire taire, par la peur, la coercition si nécessaire.

Des dizaines de milliers d'euros d'amendes ont donc été requis jeudi contre la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne et plusieurs militants du syndicat lors d'un procès pour une série de dégradations commises lors des manifestations agricoles l'an dernier.

La justice reproche au syndicat agricole d'avoir détérioré une vingtaine de radars routiers, détruit la cargaison d'un camion de légumes en provenance d'Espagne (opérations courantes depuis des années pour cette profession abandonnée qui n'a plus que cela pour se faire remarquer), empêché la circulation de trains près d'Agen (c'est très mal quand on se souvient de ce que pouvait faire José Bové à son époque), ainsi que diverses dégradations de bâtiments de services de l'État (Office français de la biodiversité, direction des impôts, Urssaf, etc.), de collectivités, de sociétés d'autoroutes ou encore d'enseignes de la grande distribution... Tous l'ont fait pour se faire entendre à un moment ou à un autre. Mais là, on met en danger l'ordre établit, ceux qui ont le petit doigt sur la couture du pantalon, ceux qui vont manger gratis aux frais du citoyen dans les ors des ministères. 

Pour avoir dégradé des radars automatiques dans le département, le parquet a requis 20.000 euros d'amende contre le syndicat, et 3.000 euros pour chacun des cinq militants poursuivis, il faut mater à tout prix .

10.000 euros d'amendes ont également été requis pour avoir dégradé un centre Leclerc, la même somme avait été demandée lors de la première journée de procès mercredi, pour avoir entravé la circulation ferroviaire dans le département.

Pour le procureur, "c'est le mode d'action" du syndicat adepte des méthodes coups de poing "qui est contesté".

"Pourquoi continuer à détruire le bien d'autrui si ça ne marche pas" a-t-il demandé au co-président de la CR47 José Pérez, quand celui-ci estimait ne pas avoir été entendu et à juste titre par le gouvernement.

"Quand on se rend compte de la détresse agricole, tout cela n'est rien", a lancé, ému, M. Pérez à la barre, estimant que seule la "CR47 est ciblée" alors que "tous les agriculteurs de France se sont mobilisés" et ont été "soutenus par la population".

Pour l'avocat de la défense, Me Christophe Dejean, qui a plaidé la relaxe, ces dossiers "pas très sérieux" ont été "très mal construits" par l'accusation, pour organiser un procès "politique".

Pour que "la souffrance" de ses clients agriculteurs n'entraîne "une autre souffrance", il a proposé de verser 3.500 euros à une ex-salariée d'un Leclerc, qui avait vu son scooter endommagé lors des dépôts de lisier devant le magasin, et avait fini par démissionner.

Les décisions sur l'ensemble des dossiers examinés mercredi et jeudi ont été mis en délibéré au 10 juillet.

Trois autres dossiers portant sur la dégradation de bâtiments publics ont été renvoyés au 26 juin pour nullité de citation.

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